Art is divine

L'Île des Sirènes

Photographe

Véronique Mati

 

Texte 

Micha Christos

FONDATION CARMIGNAC

Porquerolles

Tout commença par une ferme immortalisée dans le film de Godard, « Pierrot le Fou » en 1965. L’architecte Henri Vidal transforme alors la bâtisse en villa et la suré lève pour voir la mer. Le domaine de la Courtade apparaît ainsi entouré de trente-cinq hectares de vignes dont le vin fait toujours le bonheur des connaisseurs. Édouard Carmignac tombe sous le charme du domaine et imagine en faire un lieu dédié aux arts.

 

C’est en 2014 que l’atelier Barani puis l’agence GMMA donnent naissance à ce lieu insolite de la Fonda tion d’art en dégageant sous la maison 2000 m2 d’espace sans que ses contours ni le paysage en soient modifiés. À l’intérieur de la villa, les espaces se dilatent et se déploient en forme de croix et, au centre du musée, un plafond d’eau transparent laisse pénétrer la lumière et éclaire les espaces ainsi immergés. Le Parc national de Port-Cros est le premier parc terrestre et marin d’Europe.

 

Les îles de Porquerolles et Port-Cros bénéficient d’un haut niveau de protection compte tenu du caractère exceptionnel de leurs sites et de la présence de nombreuses espèces protégées. La Villa Carmignac s’inscrit dans une série d’actions concrètes, durables et écolo giques. Elle bénéficie du label « Esprit Parc » décerné aux établissements qui s’engagent dans la préservation et la promotion des parcs nationaux. Le jardin a été conçu par le paysagiste Louis Benech comme un « non-jardin », un lieu de nature dans lequel la Fondation s’est attaché à générer un équilibre conservant des espèces pionnières au côté des végétaux les plus rares. Les oliviers côtoient ainsi des espèces d’origines lointaines.


Sur la belle Île de Porquerolles, au large d’Hyères, la Fondation Carmignac présente l’exposition « The lnfinite Woman » qui associe des œuvres majeures de la collection Carmignac à des prêts exceptionnels issus de collections particulières et d’institutions publiques (TATE, Musée d’art Moderne de Paris) ainsi que deux pro ductions réalisées spécifiquement pour l’exposition (France-Lise McGurn, Paloma Proudfoot) et quatre œuvres inédites encore jamais présentées au public (Sarah Ball, Chioma Ebinama , Chitra Ganesh & Naudline Pierre). France-Lise McGurn signe également l’affiche de l’exposition et la couverture du catalogue. Le titre de l’exposition « The Infinite Woman » prend quant à lui son inspiration d’une œuvre éponyme de Shahzia Sikaander. Au fil d’un parcours thématique constitué de plus de quatre-vingt œuvres, les figures féminines apparaissent en leur forme sacrée et nourricière, en araignées ou cyborgs mais aussi en tant qu’objets de désir. Une soixantaine d’artistes de tout temps, de toutes origines, de tous espaces et de tous genres utilisent les différentes techniques artistiques, de la vidéo à la sculpture, de la peinture à la céramique, du textile à la photographie. Naissent ainsi de nouveaux récits féminins emplis de puissance et de jouissance. Mythique, fatale, amoureuse, forte, sensuelle, angélique ou démoniaque, la femme dans la vision patriarcale du monde a vu son âme et son être mis à mal ou glorifié dans la nuit des temps. Déesse ou catin, monstrueuse ou sublime, l’image féminine pose les questions fondamentales du pouvoir et de la sexualité.

 

Un séjour en cette île divine face à la mer infinie remet en perspectives toutes les limites pour magnifier la liberté d’expression à travers les corps célébrés en la poésie décomplexée du féminin dans sa chair et sa lumière.